Des consommateurs conscients.

Une enquête réalisée par l’Université Michel de Montaigne, à Bordeaux, a cherché à décrire et comprendre la manière dont les jeunes regardent la téléréalité. Comment perçoivent-ils ces programmes ? Ont-ils un certain recul par rapport à ce genre télévisuel ? Ont-ils conscience de l'aspect scénarisé de certains programmes ?

L’enquête s’est portée sur des adolescents âgés de 15 à 16 ans et issus de divers milieux sociaux.

 

Une cible prédéfinie

Les  adolescents interrogés ont un certain recul face à la téléréalité. Ils ne sont pas dupes, ils connaissent les codes et le fonctionnement de ce genre de programme. Ils y sont familiers depuis leur enfance, et ils ont ainsi appris à voir au-delà de ce qui est diffusé par la téléréalité.

 

Des stéréotypes assumés

Les adolescents interrogés sont d'ailleurs unanimes sur le fait que les candidats correspondent à des stéréotypes de  la société (rebelle, sportif, intellectuel,…) Ils reconnaissent que l’on peut s’identifier à un candidat grâce à un certain comportement de sa part, ou simplement à travers un style vestimentaire particulier, cependant, le fait que les personnalités soient trop excessives semble empêcher les jeunes de s'identifier entièrement à elles.

 

« Le processus d'identification se fait inconsciemment »

 

S’identifier à un candidat est une chose, mais l’avouer à son entourage en est une autre.

En effet, les adolescents regardant les téléréalités en discutent entre eux, mais ils en ont une image plutôt péjorative à laquelle ils ne veulent pas être associés. Ceci explique qu'ils les abordent au second degré, simplement comme des divertissements.

 

Le vote

Le vote est essentiel pour que chacun ait la sensation de participer au jeu, mais l'utilité du vote n'est pas celle que l'on croit. En réalité c’est la production qui est aux commandes de l'émission et c'est elle qui décide du départ ou de l'arrivée des candidats.

Le vote ne permet pas aux téléspectateurs d’éliminer ou de sauver un candidat du jeu, mais il permet seulement d'orienter le déroulement de l'émission en fonction de ce que veut voir le public. C'est une façon de prendre en compte l'avis du public, mais cela ne se fait pas de manière directe.

 

Les adolescents veulent-ils participer à une téléréalité ?

La majorité des enquêtés a clairement exprimé son refus quant à une éventuelle participation à une émission de téléréalité, car ils ne souhaitent pas être filmés dans leur intimité, et surtout, ils craignent de se ridiculiser : ils sont bien placés pour le savoir, puisqu'ils se moquent eux-mêmes des réactions (ou bavures) des candidats.

Mais les adolescents savent aussi que tous ne réussissent pas à entamer une carrière dans le show-business, et que pour beaucoup "c'est les oubliettes" après l'émission.

Ils sont conscients que ceux qui connaissent le succès par cette manière finissent souvent par craquer, ne sachant pas gérer la médiatisation permanente.

 

 

 

Que ce passera-t-il après?

Après de nombreuses études qui présentaient les jeunes comme des victimes d'images violentes, obscènes et mensongères, on est surpris de constater avec quelle lucidité ils abordent la question.

Tous les programmes de téléréalité se ressemblent de plus de plus, pourtant ils ne semblent pas convenir aux adolescents interrogés.

La question que l’on peut se poser aujourd’hui se porte sur ce que veulent voir à présent les adolescents lassés. Dans le meilleur des cas, ils aimeraient que la télévision soit débarrassée de son image de « télé poubelle » qu’elle porte depuis l’apparition des programmes de téléréalités, et dans le pire, ils veulent des programmes qui vont plus loin dans la politique du « toujours plus choc », ce qui risquerait de faire couler encore beaucoup d’encre.